La malnutrition est un
phénomène inacceptable en République Démocratique du Congo dans la mesure où
chaque province dispose des potentialités agricoles pouvant lui permettre de
nourrir sa population qualitativement et quantitativement et donner une réponse aux nombreuses
préoccupations des jeunes pour la création des emplois.
La Banque Mondiale a
accédé à la demande de la République Démocratique du Congo d’un crédit de 150
millions de dollars pour financer un projet intégré de croissance agricole dans
les grands lacs (PICAGL) portant sur le corridor Bukavu –Kalemie à cheval avec
la province du Sud-Kivu et du Tanganyika. Conçu pour une durée de 5 ans, le
PICAGL a pour objet de contribuer à l’augmentation de la productivité et la
commercialisation des chaines de valeurs agricoles à savoir le riz, maïs,
manioc, lait, en faveur de 200.000
ménages bénéficiaires directs et indirects.
La position géographique de plaine de la
Ruzizi et dudit corridor, à la lisière de la RDC, du Rwanda et du Burundi, lui donne l’avantage d’être un grenier potentiel
pour nourrir les populations des grands lacs et destiner le surplus de sa
production agricole à l’exportation. Elle le doit à ses grandes étendues de
terres favorables à l’agriculture et aux activités agropastorales, des bandes
côtières irriguées par des cours d’eaux qui descendent des montagnes et se
déversent dans le lac Tanganyika. Véritable miracle de la nature pour la pêche
de poissons estimé à 200.000 tonnes par an, ce lac couvre une
superficie de 32 900 km2 d’eau douce s'étire sur 677 km
et de 72 km de largeur le
long de la frontière de la Tanzanie (à l’est) et
de la République démocratique
du Congo (à l'ouest) ; son extrémité nord sépare ces deux
pays du Burundi, son extrémité sud
les sépare de la Zambie.
Des activités
agropastorales ont été, dans le passé, exécutés dans le cadre de la sécurité alimentaire
à l’intérieur de la Plaine de la Ruzizi et la plaine côtière de Baraka – Fizi –
Kalemie par plusieurs organisations paysannes telles qu’Anti-Bwaki, Solidarité
paysanne, ADI-Kivu, GEAD en citant les plus significatives, sans changer
fondamentalement ni durablement le vécu quotidien des producteurs et des
populations paysannes riveraines. Aucun impact sur les marchés des produits
alimentaires des grands centres de consommation de Bukavu et Uvira. Dans la
partie Nord, les hommes d’affaires u secteur privé accusent le mauvais état de
la route de Kamanyola qui travers les escarpements de Ngomo vers Nyangezi comme un handicap majeur pour l’établissement
d’une liaison commerciale aisée entre le centre de production agricole de la
plaine de la Ruzizi et les grands centres de consommation de Bukavu situé à une
soixantaine de Km.
Dès l’annonce du
Programme intégré de croissance agricole PICAGL, une sorte d’effervescence s’est
créé au sein des organisations paysannes du Sud-Kivu. Trois ans de patience ont
été mis à contribution pour élaguer les causes des échecs du passé afin que sa
mise en œuvre ne souffre d’aucune entrave durant son parcours. Car, il ne
suffit pas d’injecter de grandes sommes d’argent dans le secteur agricole. Il
faut s’assurer que les engrenages de la machine étatique chargée de la mise en
œuvre des politiques provinciales agricoles et du développement rural ne sont
pas bien réglés et que l’engagement en ce domaine se limite seulement sur les
bouts des lèvres.
L’objectif primordial
visé dans tous les projets de la sécurité alimentaire, c’est l’amélioration de
la productivité agricole. Après avoir amélioré la productivité, il faut la
stabiliser. La non-pérennisation des embellies des premières années est la
cause majeure des échecs de tous les projets agricoles au Sud-Kivu et ailleurs.
Les bénéficiaires (agriculteurs et producteurs), sont abandonnés sur le
parcours sans piliers accompagnateurs tels que les routes de desserte agricole,
un suivi permanent par des techniciens agricoles territoriaux, l’énergie pour
la conservation et la transformation des produits, les systèmes d’irrigation, les
infrastructures de transformation et de commercialisation, etc.
En général, la production
agricole est entravée en RDC par les faibles revenus des producteurs agricoles
; l’absence d’un encadrement par les techniciens agricoles et agronomes étatiques
motivés ; la difficulté d’accès aux intrants agricoles de qualité ; le mauvais
état des routes qui empêchent la fluidité des échanges entre les lieux de
production et les centres de consommation.
L’élaboration des schémas
directeurs des états des lieux du développement des rayons d’action, les
opportunités d’intervention et les directives pour sa mise en œuvre dans la
formulation du PICAGL par les techniciens du secteur agricole et de recherches
des deux provinces du Sud-Kivu et du Tanganyika avec l’appui d’une expertise
internationale de « STUDY International » est un atout majeur pour sa réussite.
Pourvu d’y ajouter un système de communication interactive d’échanges sur les
opportunités qu’il offre pour la création des emplois partant d’un coaching des
jeunes entrepreneurs par des centres appropriés pour un renforcement de leurs
capacités managériales, tel que l’ITTA de Kalambo et HARVEST PLUS au Sud-Kivu.
Le PICAGEL va travailler sur
des chaines de valeurs produits traditionnellement dans cet espace afin de permettre
à tous les bénéficiaires potentiels (paysans, cultivateurs, fermiers, coopératives paysannes
ou entrepreneurs privés) de « se retrouver ». Il va permettre également d’attirer
les jeunes agronomes, techniciens de développement rural et autres jeunes de
saisir ces opportunités pour la création de leurs propres entreprises de
production, de transformation et de commercialisation. Grâce au PICAGL, les
gouvernements provinciaux du Sud-Kivu et du Tanganyika bénéficient d’un sérieux
appui technique et financier pour juguler la malnutrition et à terme, réduire les
méfaits liés au chômage et à la base de la prolifération des groupes armés et
les conflits interethniques qui handicapent toute activité socioéconomique dans
cette partie du pays. LEVY PONTIEN
BASHONGA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire