Officiellement, vingt candidats ont été retenus
pour la course à la présidentielle du dimanche 23 décembre 2018. 5 à 6 noms reviennent sur les lèvres des
électeurs : Emmanuel Shadary,
Adolphe Muzito, Félix Tshisekedi, Freddy Matungulu, Martin Fayulu et Vital
Kamerhe. Une frange de radicaux voudrait ramener
les Congolais sur un terrain du boycott pour libérer le processus électoral séquestré
par Joseph Kabila et la CENI qu’on accuse d’être à sa solde avec la machine à
voter.
Réponse du berger à la bergère : « Faux !
Ils montent les enchères pour occulter leur incapacité de choisir un candidat
commun à cause des querelles internes entre membres du Rassemblement de la
première heure et les autres auxquels on accorde un statut d’opposants de
seconde zone… Nous savons où nous amène cette stratégie de raccourcis des
conjurés de Genval», rétorque un communicateur du Front Commun pour le Congo
(FCC).
La famille politique de Joseph Kabila croit dur
comme fer qu’une fois le candidat commun de l’opposition désigné, toute
psychose entretenue autour de la machine à voter sera levée ; comme lors
du lancement du mouvement
« Ensemble pour le changement » en mars dernier à Johannesburg avec
Moise Katumbi Chapwe comme l’unique candidat de cette méga plate-forme. L’opposition
divisée qu’elle n’en donne l’air, ne
parvient pas à réaliser un consensus autour d’un candidat unique. La majorité continue à le pousser dans le dos, ne
voulant lui laisser aucune chance de ramasser le pouvoir dans les décombres d’un
chaos comme le souhaite à mot couverts à travers le régime spécial ou encore
une transition anticonstitutionnelle sans Kabila.
Pour l’instant, une page sur sprint électoral est tournée pour le candidat Moise à cause des démêlées judiciaires qu’il aurait pu régler dans les coulisses au lieu de se livrer à une politique spectacle contre un fils d’un maquisard. Patron d’une équipe de football qui avait le vent en poupe, l’ancien gouverneur du Katanga a pris l’habitude de titiller Joseph Kabila par des métaphores footballistiques, oubliant que la politique est une chose et le football une autre. Mais pour cet opérateur minier, recalé aussi de la course à la présidentielle à cause sa nationalité italienne, et soutenu par des puissants lobbies médiatiques qu’il paie généreusement, rien n’est encore définitivement acquis.
Internet file Kamerhe, Tshisekedi, Katumbi, Bemba, Muzito, Fayulu |
A en croire le tweet de Louis Michel s’arrogeant
le droit de donner des injonctions à la CPI pour l’arrestation de Joseph Kabila,
- on ne sait pour quel dossier de crime de guerre ou de crime contre l’humanité
mis à sa charge -, au cas où il exprimerait le moindre désir de revenir
ultérieurement au pouvoir même si la constitution du pays le lui autorise. Les milieux
belges n’ont cessé de resserrer l’étau autour de son entourage auquel il a
refusé le séjour dans l’espace Schengen. Ils agissent ainsi à l’avantage d’un
candidat qui leur soit proche pour leur ramener un Congo qui est en train de
glisser dans un nouveau paradigme « des mains coupées » portée par les
ténors du Front Commun des Congolais et de la pérenniser à travers Emmanuel
Shadary.
Les querelles de palais entre Moise Katumbi ou
encore de Martin Fayulu contre le patron
de l’Union pour la Nation Congolaise, UNC, qui s’invitent dans l’arène pour
cristalliser les positions des adeptes du « FATSHI ou rien » ne
gênent en rien les fondamentaux du pacte scellé à Genval en juin 2016 à savoir
le « Régime Spécial », surtout que la diabolisation n’a pour objet
que d’écarter sournoisement Vital Kamerhe, le grand de cette messe. Les choses
ne peuvent pas se dire autrement lorsqu’à l’ombre de Moise Katumbi se trouve un
ancien président de la jeunesse du PPRD, Francis Kalombo qui ne rate aucune
occasion pour lancer gratuitement des traits au vitriol contre Vital Kamerhe. Comme
pour dire que même dans l’hypothèse d’un accord entre les ténors de
l’opposition radicale sur les bouts des lèvres en faveur de la candidature de
Vital Kamerhe, les combattants de l’UDPS n’accepteraient pas qu’il portât
l’idéal jusqu’au-boutiste de l’UDPS et des autres radicaux mieux que Félix
Tshisekedi.
Nous ne reviendrons pas sur une querelle de
préséance qui a commencé autour de Joseph Kabila entre Vital Kamerhe et Moise
Katumbi et qui s’est poursuivie autour d’Etienne Tshisekedi dans la conjuration
de Genval. Le choix de Jean Pierre Bemba par l’UNC est un réaliste parce qu’il
peut aisément négocier carte sur table un accord du partage du pouvoir qu’avec
le Rassemblement et moins encore l’UDPS. Bizarrement, la mise en liberté du chairman du
MLC par la CPI est venue chambouler une tour de Babel lézardée par des suspicions
de concubinage avec Kabila au lieu de la consolider. La sélection opérée parmi
les candidats à la présidentielle et qu’on accorde à tort ou à raison au génie exclusionniste
du laboratoire du FCC se stabilise sur deux autres grosses pointures :
Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi.
Vital Kamerhe est sans doute le candidat idéal pour
l’opposition savante mais le moins sûr pour l’Occident et pour une frange de
l’opposition qui pense tout bas que changement en RDC rime avec un leadership
non originaire de l’Est de la RDC. Les enjeux géopolitiques et géostratégiques internationaux
qui s’articulent autour des ressources minières et naturelles de la RDC (Cobalt,
Coltan, Eau douce, Terres arables, Pétrole, Forêts) décideront du profil du candidat qui aura le
soutien de Bruxelles. Ce critère disqualifie tout naturellement tout prétendant
à la présidentielle ayant une dose de nationalisme même en faible mesure.
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