Les membres de la Cour constitutionnelle au Palais du Peuple |
La coalition Lamuka est monte sur ses chevaux.
Ses députés ont violemment claqué les portes de l’hémicycle du boulevard
Triomphal. Ils s’attaquent à ce qu’ils appellent des moutons noirs de la Cour constitutionnelle
payés par le produit de la corruption du Front Commun pour le Congo (FCC) qui
vise à obtenir les 2/3 des députés nécessaires dans l’hémicycle pour obtenir une
révision constitutionnelle ou une destitution du chef de l’Etat. L’UDPS fait
sourde oreille et campe sur leurs alliances avec le FCC.
Nous savons que le retard accumulé avant la
proclamation définitive par la Cour Constitutionnelle n’annule pas le principe
sacro-saint de l’indépendance de la magistrature en RDC, en particulier de la
Cour constitutionnelle comme seul organe de l’institution de l’Etat habilité à
proclamer les vainqueurs des élections à l’issue du règlement des contentieux
électoraux, explique en termes simples, un magistrat de la Cour d’Appel de Goma.
Mais l’on se demande si au-delà des erreurs
matérielles qui exigent des corrections en faveur des enfants de Lamuka qui
crient le plus fort, comme le député Jean Claude Nkolde Kibala de Mwenga, les passions
suscitées ici et là dans le pays vont faire reculer la Cour constitutionnelle
et annuler ses arrêts conséquents. N’est-ce pas tomber dans les mêmes travers
de remettre en question les arrêts du sommet de l’institution judiciaire de l’Etat
soi-disant pour la paix et à la base de la fragilité du régime sortant de
Joseph Kabila. Actuellement, au total 30
députés invalidés dont 8 du Mouvement de libération pour le Congo (MLC) de Jean
Pierre Bemba et 21 de la coalition Lamuka. A ce non compris les cas d’invalidations
du FCC et de l’UNC.
Prince Mundenga, vivant avec handicap fera son entrée dans l'hémicycle |
Tenez ! Le 30 avril dernier, la ville de
Bukavu s’est réveillé sur la nouvelle de l’invalidation de certains députés du
FCC siégeant dans l’Assemblée provinciale sans créer la moindre l’agitation. Le
gouvernement provincial du Sud-Kivu vient d’être investi par le président de
l’Assemblée nationale dont on dit qu’il fait partie du lot des invalidés par la
même Cour. Parallèlement à cela se tiennent des manifestations de joie à
l’honneur des candidats « remis dans leurs droits », au sein d’un
même camp politique. C’est le cas de l’UNC où un député vient d’être invalidé en
faveur de « son camarade » du même parti. Ils s’en remettent à la
sagesse de leur autorité morale Vital Kamerhe. Dans la ville de Goma, un entrepreneur
vivant avec handicap, candidat indépendant, vient également d’être réhabilité à
la grande satisfaction de ses nombreux électeurs. La messe est dite, gare à celui
qui essaiera de faire marche arrière !, martèlent-ils.
La crise actuelle est une
conséquence logique de la non maitrise par les candidats engagés dans la
course, de la loi électorale à base de
laquelle la Cour constitutionnelle doit trancher les contentieux. Cette loi
prévoit qu’un candidat ne peut se prévaloir d’une victoire définitive tant que
la juridiction compétente ne s’est pas prononcée par un arrêt, la Cour d’appel
faisant office de la Conseil d’Etat en province pour les députés provinciaux et
les gouverneurs de provinces et la Cour constitutionnelle pour le Président de
la République et les députés nationaux et sénateurs.
Signalons que cette loi appelée
pour rire « loi Shadary », a été votée dans un contexte politique de
diabolisation de la Centrale électorale dans le but d’obtenir sa dissolution. La
théorie d’une transition sans Joseph Kabila suivie d’une campagne menée tambour
battant par l’opposition contre la machine à voter (ou machine à voler) a pris
le dessus sur la sensibilisation des militants à la loi électorale comme
catéchisme des partis en période électorale, en particulier la fameuse loi sur
le seuil.
A quelques jours de la tenue des
élections prévues le 24 décembre 2018, la vision des forces politiques sur
l’alternance est demeurée diamétralement
opposée. L’attention des états-majors de l’opposition s’est rivée sur une présidence
de la République à gagner par n’importe quel moyen pendant que la stratégie du
FCC s’était concentrée sur la tenue des élections qui lui permet de contrôler toutes
les institutions en vertu de l’article
78 de la constitution. La suite est connue.
Diverses actions de la coalition
de Lamuka sont envisagées pour protester contre les invalidations de ses
députés ; elle préconise un recours aux solutions catastrophiques sur pied de l’article 64 de la Constitution.
Dans le camp de la coalition FCC/CACH, elles sont considérées comme des simples
faits d’annonce pour une survie politique qui s’annoncent pour certains membres
de Lamuka comme une insupportable galère. Les parlementaires debout de l’UDPS insistent
qu’il faut continuer à faire confiance aux décisions de la Cour
Constitutionnelle, parce que la justice élève la nation, appuient-ils.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire