lundi 9 octobre 2017

Marasme du Sud-Kivu : La faute n'est pas à attribuer aux autres ...

Les projets de société déroulés par les différents candidats au poste de gouverneur du Sud Kivu devant la représentation provinciale à la CENI et la société civile au centre RIO de Nguba, étaient les uns comme les autres des discours fantastiques.  Comme si la bonne volonté du verbe agira par un tour de magie pour récolter là où on n’a pas semé, faire couler le lait et le miel dans les robinets et entasser les briques de billets de banque dans les coffres vides de la province ...


Lorsque le gouverneur du Sud Kivu, l’Ambassadeur Claude NYAMUGABO BAZIBUHE pose ses premiers pas sur le sol de l’aéroport de Kavumu, il est accueilli par une marée de drapeaux des partis de la majorité présidentielle. L’atmosphère hystérique n’a rien de neuf ; sauf pour faire oublier au nouveau gouverneur que le Sud-Kivu est une province frondeuse et les enfants grognons n’ont pas répondu au rendez-vous 
Dans la permenance de la société civile de l’avenue de la Cathédrale,  quelques membres s’interrogent, le verbe haut, sur ce que peut est encore faisable par un gouverneur issu de la Majorité présidentielle au cours d’un mandat obtenu après une longue période de flottement et de grèves pour cause des salaires non payés par son prédécesseur. 
Par ailleurs, des analystes de la problématique du développement du Sud-Kivu s’accordent que la province n’entrera jamais en compétition avec les anciennes provinces mais qu’elle restera indéfiniment sous perfusion de la caisse de péréquation, tant que son élite refusera de se regarder dans le miroir de la réalité et en clamant hypocritement et sans relâche sur les ondes des radio-communautaires que “c’est la faute des autres”. 
D’autres estiment encore que la pauvreté du Sud-Kivu est d’ordre mental. Bukavu,  chef-lieu de la province est l’archétype d’une entité sous-administrée. Tout ce qui appartient à l’Etat est à bazarder. Routes, immeubles sont en piètre état,  contrastant avec des immeubles des privés qui poussent orgueilleusement sur chaque espace vert comme des champignons le long des routes défoncées. Les trottoirs ou ce qui en reste, sont transformées en parkings mais nul ne s’en lamente.  
On ne le dira pas assez : le tendon d’Achille de la RDC demeure  l’insécurité à l’Est. L’ayant compris, les autorités de la deuxième République ont créé la CEPGL dont les objectifs étaient prioritairement de garantir la sécurité aux frontières de pays membres. En septembre 2013, après la défaite du M23, le président de la République a exhorté les Congolais, particulièrement du Nord et du Sud-Kivu à rester vigilant. Parce que ceux qui convoitent le sol et le sous-sol que Dieu a doté au Kivu ne lasseront pas dans leurs besognes tant que ses héritiers ne seront pas capables de les défendre militairement. Et au lieu de le défendre, ils demende plutôt d’être libéré... Par quelle magie les Sud-Kivutiens espèrent-ils résoudre le casse-tête sécuritaire dans une province de 7 millions d’habitants répartis dans 8 territoires sur 65.000 km² de terres riches, s’ils exigent que d’autres personnes viennent des pays lointains pour mourir à leur place dans des bourbiers qu’ils fabriquent eux-mêmes pour leurs intérêts mesquins ? 
Quelqu’un a dit qu’un esclave qui ne peut pas prendre le courage de se libérer, il se plait de sa condition et il n’y a aucune raison de s’en apitoyer.  Sous d’autres cieux, la liberté, la paix et la sécurité d’un pays de se mendient pas ; elles se forgent et se maintiennent par ses propres fils.  L’on dénombre actuellement une dizaine de groupes armés actifs locaux. Sans des lois et une justice adaptée au contexte actuel, tous les jeunes désœuvrés sont convaincus que c’est la seule voie d’accès à un bien-être collectif confisqué par une classe politique dont l’opulence a  transformé les coeurs en pierres. 
Le Sud-Kivu, jadis province stable et de production agricole, est exportatrice de mauvais exemples d’instabilité politique et de construction anarchiques. Partout, les députés provinciaux manipulables à souhait, paralysent l’essor socioéconomique dans leurs provinces respectives par des tempêtes de motions de censure et de défiance téléguidées.  Certains territoires de la province sont restés littéralement enclaves, abandonnés à la terreur des milices locales.  Résultat : Le Sud-Kivu est une entités faméliques malgré ses potentialités agricoles diverses et la multitude d’ONG internationales et locales opérant dans le secteur de la sécurité alimentaire depuis de longues années. Il  peine de se libérer de sa dépendance alimentaire à l’égard des provinces et des pays voisins d’où elle importe toutes les denrées pour sa subsistance et celle des paysans avec des risques accrus de laisser libre l’entrée des aliments impropres à la consommation. Dans les salons politiques, on parle de tout,  sauf de requinquer le secteur agricole par des techniciens frais et décomplexés,  capables de mettre les facilités de la technonologie par les centres de recherches agronomiques disponibles au Sud-Kivu,  à profit pour booster son économie.
Parmi les causes de cette précarité généralisée,  c’est un exercice maladroit des principes de la démocratie, des libertés et des droits de l’homme qui étouffe le pouvoir de l’Etat. Sans une idéologie du changement de mentalité de la population, la démocratie est un ferment du chaos. Elle a contribué grandement au dysfonctionnement du système économique et sécuritaire du Sud-Kivu à travers des appels intempestifs aux journées de ville morte au même titre que le coulage des recettes de l’Etat par les agents publics criminels des régies financières et autres services mobilisateurs de recettes.  
Le  Sud-kivu n’a pas besoin de divinités à la tête des institutions quelques soient leurs appartenances politiques ou leurs orientations confessionnelles. Mais des hommes et des femmes qui assument le passé sans aucun complèxe qui ont pour mission de faire les choses autrement.        
bpontien@gmail.com

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