lundi 19 février 2018

Des troupeaux de vaches en provenance du Sud-Kivu arrivent aux portes de Kinshasa

Un record ? C’est le moins qu’on puisse dire de cette aventure mystérieuse des troupeaux de vaches dont le parcours de la RDC d’Est en Ouest qui séparent le territoire d’Uvira et de Kenge en province du Kwango, à deux heures de voiture de Kinshasa plonge la classe politique congolaise dans des conjectures les plus fantaisistes. Des chevaux de Troie qui couvrent une attaque imminente de la ville de Kinshasa, disent-ils.

Des légendes, on en raconte des centaines autour de la vache dans la région des grands lacs. L’une d’elles est que jadis, des vaches mythiques à longues cornes surgissaient des eaux du lac Kivu pendant la nuit pour aller paître sur les collines surplombant la ville et en revenaient au petit matin mais en y laissant les plus vieilles. D’où, l’appellation Bukavu  (Bukafu en langue Shi ou la ville des vaches), nom donné au chef-lieu de la province de l’ex-Kivu voisine du Rwanda, Burundi et Ouganda d’où proviennent, depuis la nuit des temps, des vaches à longues cornes destinées à l’abattage au Congo. 

Les vaches à longues cornes qui font le gros de ces troupeaux en transhumance trouvées au Kwango dans l’ex-province de Bandundu. C’est une race rependue en Afrique de l’Est chez les peuples nomades (Mbororo, Masai, Karamojong) en Ouganda, Kenya et Tanzanie. Elles sont en phase d’élimination des cheptels des pays de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) qui ont opté, raisons économiques et de modernisme obligent,  pour les vaches de races améliorées qui alternent aisément élevage dans les pâturages et stabulation ; contrairement aux vaches à longues cornes élevées en nomadisme sur les vastes étendues des savanes dont la RDC dispose des meilleurs d’Afrique.

L’origine exacte de ces troupeaux accompagnés par des veaux d’un et de deux mois apparemment en bonne santé qu’on voit aujourd’hui au Kwango et se dirigent probablement vers des pâturages bien identifiés par les éleveurs demeure un mystère, si l’on s’en tient à leurs déclarations. Ils disent tantôt une chose tantôt une autres. Il suffirait de connaitre les propriétaires des troupeaux et leur provenance, soit du Sud-Kivu ou du Katanga à travers des étendues toutes aussi favorables à l’élevage, pour comprendre pourquoi et comment ils sont passés par les mailles des services de sécurité publique et des organisations locales très regardantes des droits de l’Homme. La découverte supposée des accompagnateurs armées parmi lesquels un soldat des forces spéciales de l’armée rwandaise qui auraient combattu aux côtés du M23, donnent une dimension guerrière suspecte à cette aventure qui a bénéficié d’une solidarité des populations locales.  

Au Sud-Kivu, l’axe Kilembwe-Misisi et Salamabila au Maniema voisin est le théâtre des confrontations permanentes entre les éleveurs et habitants du territoire de Kabambare. En mi-janvier dernier, 50 vaches d’un troupeau de 130 qui se dirigeait vers Kindu, ont été égorgées et distribués aux populations locales par 5 miliciens Mai-Mai sans riposte. Le centre de Salamabila dans le territoire de Kabambare en particulier est aussi un centre de commerce et d’exploitation minière. De part cette position économique, Salamabila connait un afflux des commerçants amenant de vaches pour la consommation des viandes. De Minembwe en passant par le Lulenge jusqu’à Kilembwe, cette région est longtemps restée l’entité servant aux pâturages, souvent pendant la période de transhumance. Ces éleveurs Banyamulenge ont, durant cette décennie, foncés vers Salamabila centre et ses environs.

Faut-il rappeler qu’en 2013, 1.654 vaches en provenance de la Tanzanie étaient  bloquées dans un site de la localité de Kigongo, à 7 Km au sud de la cité d’Uvira (province du Sud-Kivu ; RDC). Ces troupeaux appartiendraient à des éleveurs rwandais expulsés récemment de la Tanzanie. Ces bêtes auraient traversé la frontière Congolo-burundaise de Kiliba. Ce groupe de rwandais chassés de la Tanzanie aurait l’intention d’aller en direction de la province du Katanga.  Pour atteindre le Katanga, les vaches devaient passer par le territoire de Fizi d’où les populations Bembe se plaignaient pour la destruction de leurs champs de maniocs par des vaches en transhumance.  Puis, silence radio !
Le Rwanda n’a plus suffisamment d’espaces de terres pour accueillir ces vaches mythiques que son gouvernement a également bannies de son cheptel pour des raisons sus-évoquées. Dans le même registre, les pays de l’East Africa Economic Community   (Rwanda, Uganda, Tanzanie et Kenya) n’ont pas encore mis en place un système d’exportation de la viande fraiche dont la RDC est le plus grand demandeur dans la sous-région. Depuis un demi-siècle, les vaches destinées à la boucherie arrivent sur leurs pattes jusque dans les villages des consommateurs à l’intérieur du sous-continent congolais.
Cette transhumance qui vient toquer aux portes de Kinshasa a lieu au moment où la cohabitation avec les éleveurs Peuhls Mbororo  de la République centrafricaine pose un sérieux problème du droit international à la défaveur des populations locales du Haut-Uélé. La RDC a-t-elle vocation de devenir la destination finale de ce type d’élevage conflictogène que les autres pays d’Afrique sont en train d’évacuer dans leurs cheptels ?


Restons dans l’angle économique pour dire que chaque jour qui passe,  près d’une centaine de vaches destinées à l’abattoir, entrent par la porte de Ruzizi II, devant les quatre services traditionnels à la douane (DGI, DGDA, OCC et Service de quarantaine). Les unes sont dirigées vers l’abattoir central de Bukavu, ancien terminal des Elevages et Abattoirs du Katanga (ELAKAT) et les autres vers Mwenga, Kamituga, Shabunda, Kalima jusqu’à Kindu pour la consommation de la viande. levy Pontien Bashonga

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